Sainte Brigitte vit, ouvert devant elle, le purgatoire, où les âmes sont purifiées par le feu, avant leur entrée au ciel. Elle y entendit un ange qui criait : “ Bienheureux ceux qui aident les âmes du purgatoire par leurs prières et leurs bonnes oeuvres ; car la justice de Dieu exige que ces âmes soient purifiées par les tourments du feu ou délivrées par les bonnes oeuvres de leurs amis.” Alors la sainte entendit, de l’abîme du lieu des souffrances, une multitude de voix suppliantes : “ O Seigneur, n’ayez point égard à nos innombrables fautes ; mais aux mérites infinis de votre passion. Inspirez un vrai sentiment de charité au coeur des prélats, des prêtres et des religieux, afin que, par leurs prières, leurs messes, leurs aumônes, leurs indulgences, ils nous secourent dans notre triste situation. Ils peuvent, s’ils le veulent, adoucir et abréger nos horribles tourments, et faire que nous soyons plus tôt près de vous. Grâces et mille fois grâces à ceux qui nous soulagent dans nos malheurs !” Puis une sorte de lumière brillante d’un côté, et nuageuse de l’autre, descendit d’en haut et pénétra dans le purgatoire, pour faire comprendre que leur soulagement venait des prières ; mais qu’il n’était pas encore parfait. Et de nouvelles voix disaient :“ O Seigneur Dieu, rendez au centuple le bien que nous font ceux qui prient pour notre délivrance et contribuent à nous introduire dans votre céleste et douce lumière ! ” Donc une très grande récompense est assurée à ceux qui prient pour les morts.
Les âmes envoyées au ciel par eux, n’oublieront jamais un pareil service et le rendront cent pour un. Plaise à Dieu que tous ceux qui liront le récit de ces apparitions soient remplis de dévotion pour les défunts comme Sainte Brigitte. Combien nous avons besoin d’avoir des amis et protecteurs dans l’autre monde, nous que tant de fautes exposent aux rigueurs de la colère divine!
Dieu jugera sans miséricorde ceux qui n’ont pas eu de pitié pour les autres. A Milan, Italie, une propriété avait été affreusement ravagée par la grêle, pendant que les campagnes voisines n’avaient rien souffert. On se demandait la cause de ce désastre particulier, lorsque l’apparition d’une âme du purgatoire fit connaître que c’était un châtiment sur des enfants ingrats, qui n’avaient pas exécuté les bonnes œuvres que leur commandait le testament de leur père. On raconte aussi que maintes fois, les âmes des défunts ont fait entendre, dans les maisons, des bruits effrayants, ont bouleversé les meubles, etc.
48e APPARITION
Thomas à Kempis nous dit de prendre soin nous-mêmes de notre salut et de ne pas nous fier à nos parents et amis, pour une chose si importante. On va voir tout de suite que c’est plus prudent. Archangèle Panigarola, religieuse de Milan, avait un zèle admirable pour les âmes du purgatoire ; elle priait beaucoup et faisait prier pour elles.
Cependant, elle ne priait presque jamais pour l’âme de son père, Gothard, bien qu’elle l’eût tendrement aimé pendant sa vie. L’idée lui en venait quelquefois, mais elle pensait tout de suite à d’autre chose ou à d’autres âmes. Le jour des Morts, étant à prier dans sa chambre, tout à coup, son ange gardien lui apparaît et la conduit au purgatoire. Là, parmi une multitude d’âmes, elle reconnut celle de son père, plongée dans un étang d’eau mêlée de glace.A peine Gothard eut-il aperçu sa fille, qu’il lui cria : “ Hélas ! Archangèle, comment as-tu pu oublier ton malheureux père, dans les tortures qu’il souffre ici ? Tu te montres remplie de charité envers les étrangers, et j’en ai vu beaucoup monter au ciel par tes prières ; mais pour moi, à qui tu dois tant, tu n’as pas la moindre compassion.
Sois donc, au moins une fois, touchée des horribles souffrances que j’endure jour et nuit.” Archangèle, à ces reproches, qu’elle méritait, fondit en larmes et dit à son père qu’elle ferait, sans retard, tout ce qu’il lui demanderait. L’ange la conduisit dans un autre lieu. Elle lui demanda pourquoi le bon Dieu avait permis qu’elle ne priât pas pour son père, malgré le nombre de fois qu’elle avait pensé à le faire.
Je me rappelle même qu’un matin, où je commençais à prier pour lui, je fus ravie en esprit, et il me sembla que je lui offrais un pain très blanc, mais qu’il le regardait d’un air dédaigneux et refusait de le prendre.Ce qui me fit craindre qu’il ne fût damné. Après cette vision, je ne songeais plus guère à prier pour lui, tandis que je priais beaucoup pour les autres.” L’ange lui répondit : “ Votre oubli a été permis de Dieu en punition du peu de zèle de votre père à travailler à son salut, et à pratiquer les oeuvres pieuses que le ciel lui inspirait. Dieu a permis que vous agissiez envers lui comme il a agi lui-même envers le Seigneur.
Oubli pour oubli. Telle était la signification de ce refus de pain, qui vous a été montré.
Arcliangèle revint à elle, mais elle était si brisée de chagrin, qu’elle n’avait plus un moment de calme ; il lui semblait toujours entendre les cris de son pauvre père, et elle versait toutes les larmes de ses yeux. Elle multiplia les prières et les pénitences jusqu’à ce que la Justice divine eût été parfaitement satisfaite. Alors, l’âme de son père lui apparut glorieuse, inondée de joie ; elle la remercia, puis s’éleva au ciel, laissant Arcîiangèle avec autant de bonheur qu’elle avait eu de peines. Si nous ne voulons pas longtemps languir dans les supplices du purgatoire, travaillons ardemment à notre salut et secourons beaucoup les défunts. C’est ce que nous enseigne cette révélation.
49e et 50e Apparitions
Sainte Gertrude, voulant faire comprendre à ses religieuses l’extrême pureté qu’il faut avoir pour monter au ciel, leur fit connaître deux visions qu’elle avait eues. Il était mort, dans son couvent, une jeune soeur très pieuse. Elle recommandait souvent cette âme à Dieu. Un jour, elle l’aperçut devant le trône de Dieu, environnée de lumière. Cependant, il y avait, sur son front une certaine honte ; elle semblait chercher à se cacher des regards du Tout-Puissant. Sainte Gertrude dit au bon Dieu : “ Pourquoi, ô Seigneur, n’invitez-vous pas à s’approcher de vous cette âme, qui vous a si bien servi ? Pourquoi la laissez-vous seule, triste et craintive ? ”
Le Seigneur fit signe à l’âme de s’approcher, avec un sourire de tendresse. Mais elle, plus troublée encore, hésitait et tremblait ; enfin, après une profonde inclination, elle se retira. L’étonnement de Gertrude était à son comble. Elle dit à l’âme : “ Comment, ma soeur, vous vous éloignez du Seigneur, qui vous appelle? Vous vous séparez de lui après avoir désiré toute votre vie de le posséder !
” L’âme lui répondit qu’elle n’était pas encore digne de voir Dieu, parce qu’il lui restait encore des taches de péché. “ Quand même la porte du ciel me serait ouverte, dit-elle, je n’oserais pas y entrer avant d’être parfaitement pure. — Mais, demanda Gertrude, comment pouvez-vous être entourée de tant de gloire, si vous n’êtes pas tout à fait pure ? — Cette gloire n’est rien, répondit-elle, comparée à celle que l’on a au paradis, en voyant Dieu; mais, pour l’avoir, il ne faut pas la moindre tache.” L’autre vision eut pour objet la soeur de cette défunte : une religieuse très vertueuse aussi. Elle était morte chargée de bonnes oeuvres et de célestes mérites. Toute sa vie, elle avait eu une très grande dévotion au très Saint-Sacrement. Dès qu’elle fût morte, toutes les soeurs s’étaient empressées de faire des pénitences et de nombreuses prières pour elle.
Sainte Gertrude la vit, brillante aussi, agenouillée devant le Roi du ciel, de qui cinq rayons de gloire se dirigeaient vers elle. Mais son visage était plein de tristesse. Sainte Gertrude demanda à Notre-Seigneur comment il pouvait illuminer ainsi cette âme, sans qu’elle fût parfaitement heureuse. Jésus lui répondit que cette pieuse soeur n’était encore digne que de contempler son humanité, mais ne méritait pas encore de voir la divinité, parce qu’il restait en elle quelque reste de fautes légères.
Gertrude supplia le Seigneur d’avoir pitié d’elle, et de l’admettre en possession de la vision béatifique. Notre-Seigneur lui répondit que cette âme elle-même ne consentirait pas à entrer dans le ciel, sans être parfaitement pure, et que, pour la purifier ainsi, il fallait que les vivants de la terre satisfissent pour elle. La défunte fit signe qu’il en était ainsi, et le Seigneur, en signe de bienveillance, étendit sa main sur sa tête. Dès cet instant, sainte Gertrude se livra aux pénitences, surtout à l’assistance au saint sacrifice de la messe, pour délivrer l’âme de cette religieuse. Un jour, cette âme lui apparut et lui dit : “ La dévotion que j’ai eue au Saint-Sacrement, durant ma vie, me fait recueillir des fruits très abondants des messes qui se célèbrent pour moi.
C’est pourquoi je suis à la veille d’entrer dans l’éternel séjour de la gloire. Oh ! Que je suis heureuse de la dévotion que j’ai eue à l’Eucharistie, durant ma courte vie! ”Par ces paroles, elle enflamma toute les religieuses d’un nouvel amour pour le très Saint-Sacrement, et un plus scrupuleux éloignement des moindres fautes, puisqu’il n’en est aucune qui ne doive être payée. N’oublions pas ces deux prodiges et redoublons de piété et de vigilance pour éviter le péché.
Source et suite: https://magazinelavoixdedieu.wordpress.com/2018/02/05/apparitions-des-ames-du-purgatoire-9
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